En participant au programme régional de recherche sur l’impact du terroir, Rosa-Rosae va connaître l’empreinte volatile de ses eaux de rose, comparée à d’autres hydrolats produits dans d’autres régions. Une opportunité favorisée par l’utilisation d’une technologie peu répandue et innovante : la spectrométrie de masse par flux d’ions sélectionnés. On vous en dit plus !
Celle dont on entend le plus parler est digitale, carbone ou numérique. Mais l’empreinte volatile est dans l’air du temps tant l’odorat, le plus primitif de nos sens, est associé à nos émotions : bien-être, sensualité, dégoût, réconfort, énergie… Et le XXIème siècle est résolument entré dans l’ère des émotions, favorisées par l’immédiateté, l’individualisme et la connectivité… Raisonnablement, comment définir l’empreinte volatile ? « C’est l’ensemble de molécules émises dans l’atmosphère par un produit comme du bois, du fromage… », résume le pédagogue Mickaël Le Bechec, ingénieur d’études CNRS à l’IPREM de l’université de Pau et des pays de l’Adour.
Il y a quelques années encore, les chercheurs identifiaient et quantifiaient les fameux Composants Organiques Volatiles (COV) d’une matrice en réalisant une chromatographie gazeuse. « Ce procédé est d’ailleurs toujours utilisé par les laboratoires pour caractériser et séparer les molécules volatiles dans les hydrolats et les huiles essentielles de roses », poursuit Mickaël Le Bechec. Mais en couplant cette méthode séparative avec l’olfactométrie (GC/O), la science a ouvert une voie exploratoire plus intéressante. Cette technique permet, en plus de les séparer, de quantifier la concentration de composants donnés. Par exemple, dans la famille des ionones, très utilisés dans la parfumerie synthétique, cette méthode a permis d’identifier celui de beta, responsable de l’odeur de violette. La science n’arrêtant pas le progrès, d’autres équipements de pointe, comme les spectromètres de masse à injection directe, sont apparus dans les laboratoires, dont le Sift MS. Cette technologie brevetée permet, en utilisant une ionisation chimique douce (sélectionnant jusqu’à 8 ions différents) d’analyser les Composants Organiques Volatiles (COV) et les gaz inorganiques à l’état de trace dans l’air, en temps réel. Une révolution qui simplifie la préparation des analyses et ringardise nombre d’appareils de mesure.
Un large spectre d’applications
En 2017, le laboratoire IPREM a flairé l’opportunité de l’utiliser dans le champ agro-alimentaire et fait partie des 5 prestigieux laboratoires de France à en être équipés. A partir de ses 1880 signaux (ions) et ses outils d’analyse statistique intégrés, le Sift MS est capable de caractériser les composants dégagés dans l’air par une matrice et d’en comparer différents profils. Son pouvoir de résolution est extrêmement important, alors que la mesure des COV dans son tube de réaction ne dure que quelques minutes !
Le premier terrain de jeu de l’IPREM avec son nouveau joujou a été le pays basque avec l’appellation Ossau Iraty. « Nous avons comparé l’empreinte volatile d’une quinzaine de fromages. A l’issue des mesures prises sur les différents échantillons, nous avons pu constater à quel point l’origine de la production, la saisonnalité, la qualité du fourrage, le terroir… impactent les qualités olfactives des produits ».
Parfum de science
Parfaitement maîtrisée par l’IPREM et promise à un bel avenir dans l’agro-alimentaire, la spectrométrie de masse par ions sélectionnés voit ses applications se multiplier avec le thé, la rose de Damas cultivée en nouvelle Aquitaine et transformée en hydrolats et huiles essentielles par Rosa-Rosae, le houblon de Hopen… « Ce que le nez humain est capable de détecter, le spectromètre Sift MS est capable de le démultiplier en apprenant à reconnaître les odeurs», se réjouit Mickaël. « C’est un peu l’invité de marque dans un jury ». A partir d’échantillons d’hydrolats de roses de Damas, produites dans différentes régions du monde, à différents moments de la récolte des fleurs, dans différents millésimes et profilés par l’IPREM, Rosa-Rosae va connaître la carte d’identité de sa rose en vue de se singulariser et d’optimiser ses procédés de fabrication. Une démarche inédite dans le domaine agro-alimentaire !
Elle réserve plein d’autres surprises
La technologie de spectrométrie de masse permet de diagnostiquer le Covid 19, l’asthme, les cancers digestifs et respiratoires à partir de l’haleine recueillie dans le tube de réaction.